Cette semaine,
dans les salles acceptant la carte « Le Pass », l'événement cinématographique se concrétise par la sortie du dernier film de Robert Altman décédé il y a tout juste 15 jours qui sonne comme une œuvre testamentaire au titre prémonitoire, « The Last Show ». Un cinéaste nous quitte , laissant néanmoins derrière lui 38 films en tant que réalisateur. Mais « la planète cinéma » ne s'arrête pas pour autant. La preuve, cette semaine, pour accompagner cette sortie majeure, on retrouve Benoît Jacquot, Jafar Panahi entouré de la jeune réalisatrice Hollandaise Mischa Kamp ainsi que de l'iranienne Sepideh Farsi. Un beau programme en perspective même si l'on peut regretter la présence de la comédie « Mauvaise foi » de Roschdy Zem qui s'annonce pourtant très rafraîchissante tout en abordant un sujet de société brûlant. Mais je suis persuadé que vous trouverez votre bonheur dans l'une des salles des réseaux Gaumont, Pathé, Mk2.
Depuis «
The Delinquents » en 1957,
Robert Altman aura fait un sacré bout de chemin dans le 7ème art avant de nous inviter à découvrir ce qui restera comme son dernier film, «
The Last Show ». Ainsi, il est difficile ici de cerner ce cinéaste à travers l'ensemble de son œuvre qui s'avers à la fois riche et éclectique. Originaire de
Kansas City dans le Missouri on retiendra surtout deux grandes périodes dans sa carrière : Les années 60-70 qui ont vu naître sa propre maison de production, «
Lion's Gate Films » avec «
Countdown » et atteindra son apogée en 1970 avec «
M.A.S.H. » qui obtint
la Palme d'or à Cannes. Puis les années 90-2000 qui, de «
The Player » à « The Last Show », auront contribué à dépeindre la société américaine à travers des univers méconnus du grand public avec finesse et humour. Une dizaine de films dans lesquels Robert Altman aimait gratter le vernie de milieux aux abords trop lisses et montrer la réalité des choses au risque de faire grincer des dents. Pour ce nouvel opus, c'est avec plus de nostalgie et de compassion qu'il semble dépeindre une société américaine désuète et vieillissante. Par le biais d'un grand Show radiophonique, dont c'est le dernier enregistrement en public, une galerie de personnages issus d'un autre temps prend place. Peut-être le signe qu'il se sentait sur le départ et une façon pour lui de rendre une dernière fois hommage à un monde démodé qu'il a si bien connu. En effet, ce programme culte qui avait pour titre «
A prairie home companion » était diffusé tous les samedis entre 18h et 19h depuis 1974 et avait perduré à l'image d'une certaine Amérique qui aujourd'hui tend à disparaître. Ce sujet était donc idéal pour mettre un point final à sa carrière. Alors, avant de replonger dans l'ensemble de ses films, n'hésitez pas à découvrir avec gourmandise le dernier volet d'une œuvre désormais complète. Rendez-vous soit
à l'Arlequin, soit
au Balzac, soit
à L'Escurial panorama ou encore au
Cinéma des Cinéastes.
Dans la famille Le Besco, je demande la sœur.
Après « Pardonnez-moi » de Maïwenn,
Isild revient au devant de la scène par le biais de Benoît Jacquot qui nous invite à découvrir «
L'intouchable ». Avec comme source d'inspiration « La Croisée des destins » de
George Cukor, le réalisateur française aborde
le sujet des castes en Indes dont le père de l'héroïne est issu. Il semble également jouer de cette dénomination pour donner à son personnage féminin un certain charisme à l'image d'une
Ava Gardner. Il faut dire que la beauté toute particulière d' Isild Le Besco nous laisse penser que le challenge est réussi.
Tourné en 16 mm, le cinéaste a voulu contourner « l'effet carte postale » de l'Inde et ainsi donner à son film une couleur toute personnelle de ce champ/contre-champ entre
New Delhi et
Paris. Après avoir sublimé
Judith Godrèche dans la « La Désenchantée » et
Virginie Ledoyen dans « La Fille seule », deux comédiennes débutantes à l'époque,
Benoît Jacquot se pose comme électron libre dans le paysage cinématographique français en essayant de bousculer l'écriture cinématographique avec sa propre sensibilité. Ce voyage parallèle vous attend
aux Publicis Cinémas. Laissez-vous tenter.
Dans ce paysage cinématographique très riche, il y a des réalisateurs qui ne manquent jamais de faire mouche avec des œuvres indispensables pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons.
Jafar Panahi fait clairement de cette catégorie là. Après
la récente sortie de « Café Transit » réalisé par son ami Kambozia Partovi, l'auteur du «
Cercle » et de «
Sang et or » revient donc dans les salles parisienne avec «
Hors Jeu ». Habitué aux récompenses, avec ce nouvel opus, il n'y échappe pas. Cette année il emporta le Grand Prix du Jury au
Festival de Berlin. Un prix supplémentaire qui le place dans son pays comme
le chef de file d'un cinéma en pleine révolte. Un moyen d'expression puissant qui permet, à travers la fiction, de rendre compte de la réalité d'un pays,
l'Iran, dont les autorités actuelles reflètent mal son peuple sur la scène internationale. Avec « Hors Jeu » il aborde une nouvelle fois la condition féminine dans une société verrouillée. L'histoire se base sur l'extraordinaire événement que fut la qualification de l'équipe nationale de football pour la coupe du monde lors d'un match contre l'Australie il y a huit ans. Ce jour là ce fut un grand jour pour les supporters. Malheureusement, depuis 1979, les femmes sont interdites d'entrer dans les stades. Sur la base de cette injustice toujours en vigueur, le cinéaste raconte l'histoire d'une jeune femme qui va se déguiser en garçon pour braver l'interdit… Interdit, le film l'est également en Iran et sa sortie en salle dans un pays de liberté comme la France justifie qu'on aille le découvrir. Pour cela,
le Racine Odéon et
le Majestic Bastille vous attendent.
On reste sur le sujet de l'Iran et ses femmes pour «
Le regard » de
la cinéaste Sepideh Farsi. A la différence de Jafar Panahi elle vit en France depuis 1984 et c'est d'ici qu'elle jette un regard sur son pays. Après avoir signé trois documentaires , elle se frotte à la fiction avec un premier film intitulé «
Le Voyage de Maryam » sortit en 2003. Ce dernier flirtait encore avec le documentaire en racontant l'itinéraire d'une jeune femme iranienne à la recherche de son père. Ce n'est qu'en 2005, avec «
Rêves de sable », qu'elle finit de prendre son envol dans l'univers de la fiction. Avec « Le regard », Sepideh Farsi jette ainsi un nouveau trait d'union entre Paris et
Téhéran que je vous invite à découvrir
à L'Espace Saint Michel.A l'approche des fêtes de fin d'année, je finirai cette chronique par un conte pour enfant. Réalisé par une jeune réalisatrice Hollandaise répondant au nom de
Mischa Kamp, «
Le Cheval de Saint Nicolas » raconte L'histoire de Winky Wong, une petite Chinoise tout juste arrivée en Europe, dont l'imagination sans bornes l'aidera à s'intégrer. Pour écrire ce film avec l'aide de Tamara Bos, également auteur du conte qui a servit de base pour le film, elle fera de nombreuses recherches afin de capter au plus près les sensations de cet enfant fraîchement arrivé au
Pays-Bas. Ce film destiné en priorité au jeune public révèle ainsi une jeune auteur intéressante qui aborde le cinéma avec un genre difficile à maîtriser. Mais son prix du meilleur scénario au festival du film d'
Utrecht ainsi que celui du public au
festival du film pour la jeunesse de Montréal nous laisse penser que l'essai est bel bien transformé. A découvrir
à l'Elysée Lincoln ainsi qu'
aux Cinéma des Cinéastes.
Quant au reste de la programmation, je vous laisse consulter
la liste complète des cinémas indépendants acceptant la carte « Le Pass ».
Bonne semaine dans les salles obscures… Et n'hésitez pas à me laisser vos commentaires !
Mr Vertigo