Des univers dont vous soupçonnez à peine l’existence
Qu’est-il arrivé à Eric Rochant ? Qu’est-il arrivé à ce cinéaste qui avait réussi à réunir autour de lui toute une génération avec « Un monde sans pitié » ? Ce cinéaste, qui incarnait à lui seul l’antithèse du cinéma de Luc Besson au tournant des années 90, avait devant lui une superbe carrière. Un univers dans lequel les talents d’Yvan Attal et d’Hippolyte Girardot s’exprimaient à merveille. Il nous a fait cadeaux de trois excellents films, puis plus rien. Du moins, plus grande chose. Si aujourd’hui, je vous parle de ce cinéaste qui a marqué ma mémoire de cinéphile c’est pour la simple raison qu’il revient cette semaine de façon inattendue avec « L’école pour tous », un film qui semble transparent et qui risque d’être vite oublié. J’en veux pour preuve son absence dans les cinémas indépendants acceptant la carte « Le Pass ». Des cinémas qui, il y a quinze ans de ça, le considéraient comme une valeur sûre du cinéma français.
Autre absent de ce réseau décidément exigeant, « Ô Jérusalem » l’adaptation du roman de Dominique Lapierre et de Larry Collins porté à l’écran par un Elie Chouraqui qui, à défaut de nous proposer une œuvre géniale, a le mérite de nous offrir un divertissement réalisé avec sincérité et conviction sur fond de faits historiques qui marquèrent le début du conflit israélo-arabe. Ainsi, si l’aventure vous tente, vous trouverez sans aucun problème votre bonheur dans les réseaux Gaumont, Pathé et Mk2.
Mais si notre réseau de cinémas indépendants tourne le dos à certaines œuvres, c’est pour vous permettre d’en découvrir d’autres, qui pour la plupart, n’ont pas la chance de jouir de réseaux de distribution conséquents. Voici donc une nouvelle fois une sélection décalée qui vous entraîne une fois de plus dans des univers dont vous soupçonnez à peine l’existence.
De monde insoupçonnable, il en est visiblement question dans « La Citadelle assiégée ». Ce film animalier qui semble renouveler une fois de plus le concept traditionnel du documentaire se présente à nous comme une véritable fiction à ranger dans la catégorie « film de guerre » et dans lequel deux communautés d'insectes (les termites et les fourmis) s'affrontent. Son auteur, Philippe Calderon, voit d'ailleurs des similitudes entre son projet et des films comme « Gladiator » de Ridley Scott, « Spartacus » de Stanley Kubrick ou encore « Alien » du précité Ridley Scott. C'est dire si le monde réel de l'infiniment petit recèle des trames dramaturgiques relativement proches de ce que l'on peut connaître à l'échelle de notre espèce. Après le succès de « Microcosmos, le peuple de l'herbe » de Claude Nuridsany et Marie Pérennou produit par Jacques Perrin, il y a fort à parier que cette nouvelle descente dans l'univers des insectes attire grand nombre de spectateurs à la recherche de nouvelles sensations. À découvrir d'urgence au Max Linder Panorama, au Bretagne, à L'Arlequin ou encore aux Cinq Caumartin.
Un autre monde que l'on a souvent du mal à percevoir, celui du Pouvoir mais pas n'importe lequel. Avec « The Queen », Stephen Frears nous propose une immersion dans un monde tout aussi secret que le précèdent bien qu’humain cette fois. Et les similitudes sont grandes avec « La Citadelle assiégée » puisqu’une fois de plus, deux communautés s'affrontent. Celle d'un peuple appartenant à une monarchie (parlementaire) qui se veut moderne face aux défis d'un 21ème siècle placé sous le signe de l'égalité et celle d'une cour organisée autour d'une Reine toute puissante. Nous sommes en Grande-Bretagne le 31 août 1997, le jour où la couronne a tremblé sous le poids de ses sujets. Tout le monde soupçonne ce qui a pu se tramer, se dire et se décider les jours qui ont suivit ce séisme d'une magnitude bien plus élevée que la moyenne même si le commun des mortels n’a pu le ressentir qu'au travers de bribes journalistiques. Il fallait donc un auteur digne de ce nom pour oser mettre au service de son talent une histoire qui aurait pu rester encore longtemps dans les entrailles de ce microcosme. À découvrir à la Pagode ainsi qu'aux Cinq Caumartin.
Un tout autre univers qui lui, se situe sur les rives du fleuve Niger, dans la ville de Bamako plus exactement. Après six courts et moyens métrages très remarqués et surtout un premier long métrage au titre évocateur de « En attendant le bonheur », le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako revient dans la ville ou il a grandi pour nous plonger dans un procès étonnant qui oppose la société civile africaine et la Banque Mondiale au côté du F.M.I. Ce procès ce tient dans la court d’une maison ou vit notamment Melé, une chanteuse de bar interprétée par Aïssa Maïga, une actrice malienne que l’on a pu voir récemment dans le très beau film de Philippe Lioret, « Je vais bien, ne t'en fais pas », dans le court métrage « Place des fêtes » de « Paris, je t’aime » ou encore dans les « Les Poupées Russes » de Cédric Klapisch. A noter également la participation de l’acteur américain Danny Glover qui défend les causes développées dans ce film plein d’humanité. L’embarquement pour « Bamako » se ferra donc soit à la Pagode, soit au Balzac, soit au Cinéma des Cinéastes, trois cinémas cultes pour un voyage au cœur de l’Afrique d’aujourd’hui.
Destination maintenant pour une société une fois de plus bien secrète de laquelle trop peu de choses filtrent malgré son exposition médiatique des derniers mois. Je vous emmène effectivement en Iran avec « Café transit » de Kambozia Partovi, un cinéaste qui ose évoquer sa vision des femmes iraniennes. Scénariste des films de son ami Jafar Panahi, réalisteur du film « Le cercle » récompensé par le Lion d’Or à Venise en 2000 ou encore du film « Le Ballon blanc » récompensé en 1995 à Cannes par la Caméra d’Or, il s’agit là de son premier passage à la réalisation. A noter que Jafar Panahi fait également parti de l’aventure en tant que monteur et démontre ainsi la solidarité de cette génération de cinéastes iraniens qui œuvrent, films après films, pour donner une autre image de ce pays au potentiel culturel si riche. A découvir à l’Espace Saint-Michel.
Pour conclure cet édito, je vous propose un dernier détour vers un univers qui laisse lui aussi, encore aujourd’hui, beaucoup de points d’interrogations. En effet voici la sortie d’un film longtemps resté tabou et réalisé par un cinéaste méconnu. « Les Honneurs de la guerre » de Jean Dewever traite de la résistance Française. Sa sortie fut interdite en 1961 par les autorités françaises alors que bon nombre de cinéastes de l’époque, parmi lesquels Jean Renoir, Alain Resnais ou encore François Truffaut, le défendait. Le même François Truffaut qui, par ailleurs, racheta les droits du film en 1979. Une deuxième sortie avortée fut tentée le 30 novembre 2005. C’est dire que la présence en salle aujourd’hui de cette œuvre qui, officiellement est censée renvoyer une vision faussée de la résistance française, est un événement en soit. On remarquera également qu’au générique figure un certain Marin Karmitz au poste d’assistant réalisateur… Rendez-vous donc avec une période trouble de notre histoire au Reflet Médicis.
Quant au reste de la programmation, je vous laisse consulter la programmation complète des cinémas indépendants acceptant la carte « Le Pass ».
Bonne semaine dans les salles obscures… Et n'hésitez pas à me laisser vos commentaires !
Mr Vertigo
Autre absent de ce réseau décidément exigeant, « Ô Jérusalem » l’adaptation du roman de Dominique Lapierre et de Larry Collins porté à l’écran par un Elie Chouraqui qui, à défaut de nous proposer une œuvre géniale, a le mérite de nous offrir un divertissement réalisé avec sincérité et conviction sur fond de faits historiques qui marquèrent le début du conflit israélo-arabe. Ainsi, si l’aventure vous tente, vous trouverez sans aucun problème votre bonheur dans les réseaux Gaumont, Pathé et Mk2.
Mais si notre réseau de cinémas indépendants tourne le dos à certaines œuvres, c’est pour vous permettre d’en découvrir d’autres, qui pour la plupart, n’ont pas la chance de jouir de réseaux de distribution conséquents. Voici donc une nouvelle fois une sélection décalée qui vous entraîne une fois de plus dans des univers dont vous soupçonnez à peine l’existence.





Quant au reste de la programmation, je vous laisse consulter la programmation complète des cinémas indépendants acceptant la carte « Le Pass ».
Bonne semaine dans les salles obscures… Et n'hésitez pas à me laisser vos commentaires !
Mr Vertigo
1 Commentaire(s):
Autres absents "inexplicables" du réseau (complet, des MK2 aux Gaumont en passant par les indépendants) :
- la semaine dernière, Severance, film de genre pourtant unanimement salué par la critique, même non spécialisée. Christopher Smith avait pourtant eu droit à la diffusion de son très réussi Creep dans quelques Gaumont l'an dernier.
- cette semaine, Last Kiss, le nouveau film AVEC Zach Braff (et non pas DE Zach Braff comme le vendent les affiches). Sur un scénario de Paul Haggis, cette comédie douce-amère aurait mérité je pense d'être dans le réseau, vu le succès (et le niveau) de Garden State.
Je ne comprends pas ces impasses totales...
Par Anonyme, à mercredi, octobre 25, 2006 8:17:00 AM
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