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lundi 18 décembre 2006

Blade Runner édition DVD 2006, minimale mais sublimement efficace.

En cette fin d’année 2006, la Warner Bros nous invite à anticiper sur notre futur avec un film venant du passé. Totalement remasterisée, cette réédition en DVD de « Blade Runner » nous plonge de nouveau dans une œuvre qui scelle la convergence des deux grands auteurs de science-fiction que sont Philips K. Dick et Ridley Scott. Pour cette nouvelle sortie, les équipes de chez Warner Bros ont certainement dû partir du principe que certaines œuvres se suffisent à elle-même. En effet, ne cherchez aucun bonus venant supporter cette œuvre incontournable du 7ème art. Seul le film dans sa version « Director’s cut » occupe l’espace d’une galette sobre dans un boîtier dépouillé. Par conséquent cette oeuvre continue à garder tous ses secrets dans un marché ou la surenchère des Bonus est de mise. Mais finalement, ces secrets de fabrication si bien gardés, ne font-il pas partie intégrante de la légende d’une œuvre ?

Ce film, sorti en salle en 1982, a déjà marqué la mémoire de plus d’un cinéphile. Quant à moi, il s’agit là de ma troisième véritable rencontre avec cet univers futuriste. Je l’ai tout d’abord découvert à la Cinémathèque de Nice durant mes études de cinéma. A cette époque, j’ai tout de suite pris conscience du génie créatif de Ridley Scott. Et puis, il y a huit de cela, je m’équipais d’un nouveau PC. Pour la première fois, un lecteur de DVD y était intégré. Impatient de tester ce nouveau support, mon premier achat en ligne sur Internet fut l’une des premières éditions DVD proposé, à savoir « Blade Runner » ! Déjà édité à l’époque dans sa version « Director’s cut », cette acquisition représentait pour moi une véritable redécouverte de l’œuvre.

Aujourd’hui, pour aborder de nouveau « Blade Runner » sous un angle différent, j’ai décidé au préalable de lire le livre de Philip K. Dick dont le titre original était « Do Androids Dream of Electric Sheep ? » (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?).

Le roman de Philip K. Dick se déroule pour sa part en 1992, une date que nous avons déjà dépassé depuis quelques années. Ouf ! Le monde décrit est dévasté par la guerre nucléaire. Dans un San Francisco apocalyptique, le Blade Runner Rick Deckard, va se voir confier une mission de la plus haute importance : neutraliser des androïdes extrêmement évolués et dangereux qui ont réussit à se fondre parmi la population humaine en prenant la fuite.

Sur cette même base scénaristique, Ridley Scott fait sa propre anticipation. En ce qui le concerne, il croit savoir que l’apocalypse nucléaire n’est prévue qu’aux alentours des années 2020. Pas de chance ! Nous sommes toujours en Californie mais cette fois dans la ville voisine de Los Angeles.

Même contexte, même effet : la planète bleue est plongée dans le noir complet. Cette nuit permanente laisse ainsi place à tout un univers imaginaire. Ainsi, des fragments du monde passé cohabitent avec un environnement encore futuriste pour nous les humains des années 2000. De ce fait, ce qui est suggéré dans le roman est montré dans le film avec une réalité époustouflante. De ce point vu, le travail de Ridley Scott est une réelle réussite. La ville de Los Angeles et sa société de consommation sont transposées dans un univers visuel bluffant. L’ouverture du film sur la musique de Vangelis, avec cette vue aérienne de la mégapole, vous scotche dès les premières secondes pour vous installer dans un univers où l’humanité toute entière est à la dérive.

C’est dans ce monde décadent pour l’homme, que la machine androïde rentre alors en scène. Le marché de la fabrication de « l’homme robot » est dominé par la société « Tyrell Corporation » qui depuis des années produit les Nexus. La sixième version de cette machine révolutionnaire est, de loin, la plus abouti en se rapprochant grandement de l’être humain.


Sur cette trame fictionnel, à l’instar de Philip K. Dick, le cinéaste enrichit alors son univers visuel par cette question existentielle : Et si un jour, un modèle de robot doté de chair et de sang venait à être pourvu de souvenirs, de sentiments et d’empathie pour ses semblables et les autres êtres vivants, serait-ce la fin de l’humanité ?

Entre le roman et le film, l’histoire varie. Les animaux domestiques qui jouent pourtant un rôle central dans le roman ont disparu du film. Pour Philips K. Dick, posséder et prendre soin d’un animal est la preuve de son rattachement à la race humaine. Dans le film, le plan de la chouette artificielle de la Tyrell Corporation et de petits androïdes étranges font références à cet aspect des choses. Une façon subtile pour Ridley Scott de prendre le large face à l’œuvre originale. Mais cette liberté n’enlève rien au fait que les deux auteurs expriment une même angoisse vis-à-vis de l’émergence d’une intelligence artificielle dépassant celle de l’homme.

Cette vision noire de notre avenir fait encore office de référence absolue tant en littérature qu’a l’écran. Le cinéma de science fiction possède, bien entendu, d’autres références en matière de vision de l’humanité face à son avenir. Mais jamais un univers futuriste, au centre duquel l’homme joue son avenir, n’aura été si bien maîtrisé. Notons, dans un tout autre style, « 2001 : L’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick qui lui aussi s’interroge à sa manière sur les futures relations de l’homme avec la machine.

Ainsi, lorsque vous aurez (re)découvert « Blade Runner », « Le cinquième élément » de Luc Besson fera figure de pâle copie dans un univers tout aussi vertical. Depuis, seul Steven Spielberg avec « Minority Report », aura réussi à transcender de nouveau l’univers de Philip K. Dick. Je serais alors tenté de croire que seul de grands cinéastes sont en mesure d’adapter l’esprit torturé de ce maître de la science fiction.

Face à cette œuvre d’une qualité rare, foncez à vos platines ! « Vu du Canap’ » le futur va vous paraître subliment noir, terriblement pessimiste, presque réel. Vous serez alors heureux de voir le soleil se lever… Sensation garantie.

Mr Vertigo

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